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les vents du silence

C'est l'univers fantastique des chamans bien avant l'arrivée des hommes des autres continents.

QUÊTE DE VISION

QUÊTE DE VISION

Le soir arrive avec la lumière qui baisse. Le soleil ne laisse plus que quelques traînées au travers des arbres avant de disparaître complètement derrière un horizon que je ne vois pas. Je m’accroche aux derniers repères avant que la nuit ne recouvre tout, un rocher, un arbre au tronc noueux, une fougère. Bientôt, je ne les verrai plus.

Je me recroqueville tandis que la fraîcheur descend sur moi. Le noir est là avec ses interrogations. Le silence fait presque mal aux oreilles. Au-dessus, les étoiles jouent à cache-cache avec les feuillages invisibles mais que je devine. La nuit est longue, je m’assoupis à force d’écouter ce qui m’entoure. Bientôt, la lumière apparaît, d’abord pâle, laissant apparaître ces arbres devenus fantôme d’une nuit. Je respire profondément, je vais me reposer un peu.

J’ai soif, le soleil est haut dans le ciel et j’ai mal à la tête. Une journée de passée déjà. Mes pensées s’envolent, je m’accroche à elle pour me sentir exister, c’est fatigant. Déjà le soir qui revient, vais-je tenir. Oui, il le faut mais pour qui ? Pour moi ! Qu’est-ce que j’ai à prouver, je suis seul ? Le rideau noir de la nuit tombe sur moi et le sommeil qui ne vient pas. La lune laisse entrevoir cette fois un peu de mon univers, de mon lieu de solitude consentie. Cette fois, j’ai dormi quelques heures, enfin, je pense car je n’ai pas la notion de l’heure qu’il peut être. La chaleur du jour m’engourdit autant que la fraîcheur de la nuit, c’est long un jour. Mes pensées vagabondent. Que font les gens ? Cela me paraît si loin, sans importance. La fatigue se fait plus pressente lorsqu’arrive le soir. Je cale du mieux que je peux mon corps douloureux de ne pas bouger.

Vais-je dormir ? Dormir est un moment attendu car cela fait passer le temps, ce temps qui semble se figer de plus en plus. Les maux de tête ne me quittent plus, m’empêchant de trouver le sommeil. Que la nuit semble longue, interminable. Le jour aurait-il oublié de se lever ou est-ce moi qui commence à délirer ? Je me concentre sur le bruit de quelque animal qui s’approche du lieu où je me trouve. Et si c’était un sanglier ? Cette pensée fait battre mon cœur. Je l’écoute à m’en faire mal. La peur me tient dans ses bras, mes sens s’étendent à l’infini, j’ai l’impression d’entendre des voix au loin. Quelqu’un viendrait-il dans la nuit ou suis-je en train de rêver tout éveillé ?

Je ne me suis pas rendu compte que le jour s’était levé. Je reste à moitié couché, ma conscience flotte à côté de moi, elle est une part de moi et en même temps un autre moi-même. Je me laisse dériver tout le jour, plus rien n’a d’importance si ce n’est le chant des oiseaux, le vent dans les arbres et la pluie qui s’est mise à tomber. Je me surprends à les écouter, tout paraît amplifié, m’enveloppant dans une douce torpeur. Le temps passe sans rien dire, j’écoute la terre qui respire. Je perçois la vie des insectes besogneux, la vie, la mort de ce petit monde qui m’entoure, pourtant, c’est moi qui suis petit, un infime morceau de temps dans l’espace.

La nuit est là et j’ai les yeux grands ouverts, je me sens bien. La fatigue s’est glissée dans la terre humide, me laissant seul avec moi-même. Qu’importe le jour ou la nuit, cela n’est pas important, je suis une part de la vie, une part du jour et de la nuit, une part du chant des oiseaux, une part de la rivière qui coule et de la pluie. Je n’ai pas envie que cela s’arrête. Je suis dans le temps, au-delà du temps, je suis moi dans la multitude et le silence, je ne veux plus partir. Le matin arrive, je suis la terre, je suis le ciel et le vent, je suis un tout.

Je vais me laisser imprégner encore du soleil et des senteurs avant de retourner, mais où ? Chez moi ? Où est-ce chez moi ? Sûrement ici, et partout. J’entends une flûte au loin, je reconnaîs le son, c’est le Chaman qui m’appelle.

Nuage blanc

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